jeudi 20 septembre 2012

L'épuisement.

Je reviens de l'une des expériences les plus mémorables, mais également les plus difficiles de ma vie: la montée du Huayna Potosí, dont le sommet est situé à 6088 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Les gens ne réagissent pas tous de la même façon à l'altitude. La plupart ont des maux de têtes, des nausées ou des étourdissements, mais sans exception tous sentent leurs souffles coupés par le manque d'air. De mon côté, j'ai très peu de problème, mis à part que j'ai de la difficulté à dormir lorsque je ne suis pas complètement acclimaté. Ça reste un problème quand tu fais un trek situé à un minimum de 4700 mètres au-dessus du niveau de la mer, suivi de  l'ascension du Huayna Potosí.

Donc, après avoir passé quelques jours à La Paz pour m'acclimater à 3700 mètres environ, je suis parti en trek samedi dernier, le 15 septembre, juste avant ma fête. Première journée, on se rend au pied du majestueux Condoriri et de ses montagnes voisines, et on monte le Pico Austria à environ 5300 mètres pour avoir une magnifique vue sur les environs. On le monte tellement vite que mon guide me dit que je n'aurai pas de problème du tout à monter le Huayna Potosí. Ça reste à voir... Je dors dans un tente, à environ -10 deg C, et je ne dors pas très bien à 4700 mètres d'altitude. La deuxième journée débute avec un ciel complètement dégagé, et j'apprendrai au cours du trek que tous les matins sont complètement dégagés! Heureusement, puisque la vue sur les montagnes environnantes est absolument magnifique! On parcours donc notre dose de kilomètres à travers cols et vallées jusqu'à ce qu'on rencontre une tempête... de neige! La nuit sera encore une fois longue, à ne pas pouvoir dormir plus de 5 heures environ. Le matin, je suis fatigué et épuisé, et on doit franchir un col à 5200 mètres, ce qui ne se fera sans vraiment de difficulté heureusement! Une autre belle journée de trek, dégagée cette fois-ci, pour se rendre au camp de base du Huayna Potosí, à 4700 mètres. Malgré la fatigue, le trek se sera fait sans trop de difficulté, mais je ne pourrai pas en dire autant de l'ascension à venir...

Le lendemain, on doit se rendre au campo alto, à 5130 mètres d'altitude, avec environ 20 kg sur le dos dans des chemins très abruptes. Épuisant! Et de là, on devra se lever à 1h et partir à 2h du matin pour l'ascension. Je n'espère qu'une chose, réussir à dormir. À 19h, je me couche, mais la bruit du vent qui souffle très fort, le stress et mon problème à dormir en altitude font que je ne dormirai qu'un total d'environ 30 minutes...

À 2 heures le matin, munis de nos lampes frontales, piolets et crampons, moi et mon guide sommes le dernier groupe des 9 personnes à tenter l'ascension du glacier. Il fait environ -10 à -15 deg C, mais heureusement le vent s'est calmé. Le croissant de lune est minuscule, la nuit est très noire. On ne voit que les lumières des autres groupes à l'horizon, les lumières de La Paz au loin et la neige qui défile sous nos pieds. Ce sera ainsi pendant les prochaines heures jusqu'à la levée du soleil. L'air est rare, et se fait de plus en plus rare à mesure qu'on avance.

Je suis bien acclimaté à l'altitude, donc on avance vite, à tel point qu'on finit par se rendre pratiquement en tête de peloton. On aperçoit un avion au loin, qui vole plus bas que nous... Vers 5h30 du matin, à 5900 mètres d'altitude, on atteint un mur. À partir de ce point, ça devient très difficile, avec des montées à plus de 40 degrés par endroits. Je dois m'arrêter à tous les 2 minutes tellement je suis épuisé et essouflé. Mais je repense à mon père qui a réussit l'ascension il y a 2 ans, à l'âge de 57 ans, et ça me donne la force de continuer. Juste avant d'arriver au sommet, on marche sur une crête d'environ 50 cm de large avec un gouffre d'environ 500 mètres de profondeur à notre droite sans aucune barrière physique. Heureusement on est cordés, et on ne le voit pas très bien puisque le soleil ne s'est pas levé, mais le retour montrera l'ampleur du gouffre! Les derniers mètres seront extrêmement difficiles, à un tel point que je devrai m'arrêter à 5 mètres du sommet pendant 2 minutes pour reprendre mon souffle. Après 4h30 de marche et de montée, je n'ai plus aucune force dans les bras ni dans les jambes, mais je suis au paradis!

La vue est absolument magnifique, on voit le lever de soleil au loin. À mesure qu'il se lève, on voit le triangle d'ombre de la montagne qui se rend jusqu'au lac Titicaca, situé à environ 30 km! Et on voit les montagnes de la Cordillera Real, dont le Condoriri, qui semble si bas. Et on voit La Paz au loin, dans la vallée. On est tellement haut, c'est incroyable!

Parmi les 9 personnes (tous de mon âge) qui ont tenté l'ascension, seulement 5 d'entres nous l'auront réussi, les autres l'auront abandonnée. Sans exception, nous avons tous dit que ce fut probablement l'effort physique le plus intense que nous avons fait de notre vie. Mais ce fut également l'une de mes expériences les plus mémorables de ma vie!

Pendant ce temps, Valérie a visité les Yungas en passant par les villages de Coroico et de Chulumani, à la grande chaleur et dans des décors complètement différents. Et avant mon trek, nous avons visité ensemble La Paz, qui est une ville que nous apprécions bien. Située dans une vallée, la vue à partir de la localité de El Alto, situé au-dessus de la Paz, est absolument époustouflante! La ville plonge dans la vallée, et est entourée de la Cordillera Real, notamment du Huayna Potosí et du Illimani (6438 m). Nous avons également visité les ruines de Tiwanaku près du lac titicaca, ruines parmi les plus importantes de Bolivie, témoignant de la civilisation pré-inca en Bolivie. Et j'ai fait de la descente en vélo de montagne près de La Paz, de quoi rassasier ma passion pour le vélo!

Puisqu'il y a tellement de belles photos, j'en ai mis plusieurs:


Femmes boliviennes, à Oruro

Ville de La Paz, vue d'un mirador à El Alto, avec le Illimani en arrière plan

Ruines de Tiwanaku

Vue du Pico Austria à 5300 m d'altitude, première journée de trek

Vue sur le Condoriri et ses voisines, de notre campement

Vue sur le Condoriri et ses voisines, alors qu'on monte un col, deuxième journée de trek

Col lors de la deuxième journée de trek

Paysages de trek, deuxième journée de trek

Tempête de neige, juste pour ma fête, deuxième journée de trek

Campement pour la deuxième nuit, troisième journée de trek 

Vue d'un col à 5200 mètres d'altitude, troisième journée de trek 

Campo alto, la veille de l'ascension du Huayna Potosí

Au paradis, complètement épuisé!

L'ombre de la montagne, jusqu'au lac Titicaca

Vue sur la Cordillera Real, qui semble si basse comparativement à nous! On devait marcher sur les roches, avec un petit muret de 30 cm de hauteur nous protégeant d'une chute d'environ 500 mètres à 70 degrés! Je n'ai pas pris le temps de photographier le pire bout de crête, où il n'y avait aucun muret...

Descente de la montagne, vers 5900 mètres

Vue du glacier lors de la descente

Vue du glacier lors de la descente

Vue sur La Paz, au loin, lors de la descente

Je n'ai pas mis l'itinéraire, puisque je suis resté près de La Paz. Lien pour les photos.

Merci à tous pour les voeux d'anniversaires!

Guillaume

mardi 11 septembre 2012

Voyage dans le temps

Je ne sais pas pour vous, mais moi quand j'étais jeune, je trippais sur les dinosaures. Faut dire que Jurassic Park a fait sa part pour allumer ma passion, à l'époque. J'avais un peu oublié que les dinosaures m'intéressaient avant de me rendre en Bolivie.

Donc, après avoir vu de loin l'un des endroits sur la planète qui compte le plus de traces de dinosaures au même endroit, à Sucre, j'ai décidé de me rendre au parc national de Torotoro, réputé pour les mêmes raisons. Valérie ne partageant pas le même intérêt pour les dinosaures, j'y suis allé seul avec deux autres touristes, une bolivienne et l'autre d'origine bolivienne mais vivant au Mexique. De quoi pratiquer mon espagnol!

Notre guide était un peu fou, mais était vraiment passionné de dinosaures et de géologie. À 62 ans, il est l'un des premiers guides du parc, son nom paraît dans plusieurs publications sur Torotoro et dans le Lonely Planet et il a probablement tout exploré la cinquantaine de cavernes du coin, quitte à y passer 3 jours pour en cartographier une! Tout ça pour dire qu'il connait probablement mieux le parc que quiconque! Donc, en voyant les traces de velociraptors, d'ankylosaures et d'autres espèces qui vivaient dans le coin, il a pu nous décrire un peu les moeurs de ces animaux préhistoriques. Lorsqu'on était en Afrique dans la savane, les guides nous décrivaient les moeurs des animaux africains selon leurs traces; au parc Torotoro, on parle plutôt des moeurs de dinosaures qui y vivaient il y a entre 65 et 110 millions d'années. C'est quand même incroyable! Par exemple, les traces d'un dinosaure au long coup semblable au brontosaure indiquent qu'ils passaient beaucoup de temps dans l'eau peu profonde afin de protéger leur cou des velociraptors, qui sautent jusqu'à 6 mètres de haut à partir de la terre ferme. Et on a vu les traces d'un dinosaure qui était probablement l'un des ancêtres de la poule, par sa façon de marcher. Faut s'imaginer en plus que le plateau andin n'existait pas à l'époque, les dinosaures se trouvaient pratiquement au niveau de la mer. Bon, je dois emmerder tout ceux qui n'en on rien à faire des dinosaures, mais pour moi c'est resté l'un des parcs nationaux les plus mémorables que j'ai visités. En plus, on n'était que 5 touristes dans le parc!

Bon, pour revenir au voyage, nous avons quitté Sucre quelques jours après la dernière mise-à-jour du blog, pour nous rendre à la troisième ville de Bolivie, Cochabamba. À notre arrivée d'un bus de nuit, Cochabamba nous a paru une ville bruyante et sans vraiment de charme, mais on a su l'apprivoiser. Alors qu'il y a déjà des marchés partout en Bolivie, Cochabamba est la ville des marchés du pays! Complètement inondés de monde, ces marchés sont bien intéressants, mais très épuisants à visiter. Un marché en Bolivie, c'est pas comme un centre d'achat au Québec. Ça ressemble plutôt à un gros bordel bien organisé, avec des sections pour acheter viandes, fruits, matériaux de construction, fleurs, gogosses inutiles, etc. Donc, si tu cherches une papaye, faut demander où se trouvent la section des fruits et ensuite la madame qui vend des papayes.

De Cochabamba, je suis allé à Torotoro, et Valérie est restée en ville pour aller visiter un petit village aux environs. À Torotoro, j'ai visité une grotte, plusieurs traces de dinosaures ainsi qu'un canyon et des chutes. Par la suite, nous avons quitté Cochabamba pour se rendre à Oruro, une ville supposément peuplée à 90% d'indigènes. À nos yeux de touristes, on n'a pas vraiment pu déceler beaucoup plus d'indigènes que dans d'autres villes de Bolivie. À 3700 mètres d'altitude, la ville poussiéreuse, sans aucun arbre et ressemblant souvent à un chantier de construction au milieu d'un désert nous a un peu déçu. Heureusement, on a visité un petit village aux environs pour y voir des peintures rupestres datant de plus de 1000 ans. Fait cocasse, le panneau indicatif pour nous diriger vers les peintures est maintenant submergé sous une petite cabane où une dame vend des trucs. Et malheureusement, alors qu'on se tapaient la marche à pied, les deux seules personnes à l'horizon, un bus et 3 jeeps remplis d'étudiants avec la musique à fond arrivent sur le site, de quoi gâcher complètement l'ambiance... C'est donc sans regret qu'on l'a quitté pour se rendre à La Paz, la plus haute capitale au monde.

On est donc à La Paz depuis hier. On n'a pas encore pris le temps de visiter la ville mis à part le quartier touristique que j'ai scruté à la recherche d'agences de trekking, de mountaineering et de vélo de montagne.

Sur ce, les photos:

Tranquille cimetière à Sucre, pendant la journée sans voiture

Couvent des soeurs carmélites à Cochabamba

Cathédrale, à Cochabamba

Sur le chemin de Torotoro

Traces de dinosaures, Torotoro

Traces de dinosaures, Torotoro

Traces de dinosaures, Torotoro

Canyon de Torotoro

La façon bolivienne de réparer un bus: se mettre dans le milieu du chemin et bloquer tout le monde qui veulent passer...

Près des peintures rupestres, près de Oruro

Trajet jusqu'à présent
Le lien pour les photos.

Guillaume