mardi 22 janvier 2013

Vers le nord de l'Amérique du Sud

Après avoir voyagé plus de six mois en Amérique du Sud à remonter vers le nord, nous avons finalement pu atteindre le point le plus septentrional du continent sud-américain! On ne peut donc plus monter plus au nord, il nous faudra maintenant commencer à redescendre au sud pour rejoindre Bogota dans les prochaines semaines.

Cet endroit se nomme Punta Gallina. D'après tout ce qu'on avait pu lire auparavant, c'est un endroit qui reste relativement difficile d'accès, avec aucun transport local desservant le village. Je dis village, mais en réalité il s'agit plutôt de quelques maisons ça et là situées dans le désert. On dit souvent que le voyage constitue la moitié du plaisir (getting there is half the fun); dans ce cas là, les paysages et l'endroit l'ont emporté de beaucoup sur le voyage...

Donc, pour se rendre à Punta Gallina, il faut d'abord se rendre à Cabo de la Vela, un petit village de pêcheurs maintenant devenu relativement touristique auprès des Colombiens. Pour se rendre à Cabo de la Vela, il nous a fallu prendre deux taxis collectifs assez chers (pas de bus locaux dans le coin, c'est trop un trou perdu...) pour se rendre à la petite bourgade d'Uribia après six heures de route, et de là un jeep pour se rendre à Cabo en ajoutant un deux heures supplémentaires dans des routes de terre et de sable. En arrivant à Uribia, on se rend compte qu'on est dans une autre Colombie. Une Colombie qui rappelle l'Afrique: avec les femmes portant les longues et légères jupes de couleur, avec les pousse-pousses à vélo, avec les paysages arides, avec les maisons rabougries par la pauvreté et la sécheresse des environs, avec la mendicité que le tout engendre, et avec le soleil qui nous tape dessus et qui nous rappelle que nous sommes sur des terres inhospitalières où les conditions de vie doivent être très, très difficiles.

À Cabo de la Vela, il nous faudra partir à la recherche de Daniel, un homme de la place dont on a entendu parler qui peut organiser le transport jusqu'à Punta Gallina, à 77 km au nord-est, pour pouvoir partir le lendemain matin. Nous étions informés qu'à Cabo de la Vela, selon le temps de la semaine et de l'année où on y séjourne, soit on adore ou on déteste. Sur papier, il ne semble pas y avoir de raison pour détester cet endroit; un petit village de pêcheur tranquille perdu où il n'y a pas d'électricité et d'eau courante (l'électricité par génératrice seulement), pas de tourisme de masse, une plage tranquille et des restaurants qui servent de la bonne langouste et du poisson. Nous sommes malheureusement tombés au mauvais hôtel au mauvais temps de la semaine en y arrivant un vendredi après-midi; à neuf heure le soir, un autobus d'une cinquantaine de Colombiens débarquent à l'hôtel et font un vacarme total sans aucun respect pour autruit et pour notre désir de nous reposer après plusieurs longues journées de transport. Rien à faire, ils sont chez eux en Colombie et ne se soucient aucunement de nous, et vont même jusqu'à rire de nous... Nous sommes complètement dégoûtés et nous sommes contents de repartir le lendemain après une très frustrante, courte et pénible nuit de sommeil.

Cabo de la Vela, très tranquille en apparence...

Cabo de la Vela
Le trajet vers Punta Gallina sera assez difficile. On devra s'y rendre en petit bateau à moteur dans une mer très houleuse et agitée. Bref, étant assis à l'avant du bateau, nous avons eu droit à un tape-cul de l'enfer, et j'en ai encore mal aux fesses... La pensée qui me revient pendant le trajet difficile alors qu'on avançait dans les énormes vagues à à peine 5 km/h: "Va-t-on finalement réussir à nous rendre à Punta Gallina...?". La réponse est heureusement oui, mais non sans peine.

Notre bateau pour se rendre à Punta Gallina, alors que la mer était calme pour que je puisse prendre une photo
Rendu sur place, on est surpris par le village, ou tout simplement le manque de village... On s'attendait à y trouver une petite bourgade de pêcheurs, on y trouve plutôt simplement une maison-auberge située dans le désert dans le milieu de nulle-part. Bon, au moins on aura la tranquilité sans les hordes de Colombiens qui font jouer de la musique à tue-tête à n'importe quelle heure! Et finalement, on a vraiment adoré l'endroit; on aura dormi à la belle étoile, mangé de la très bonne bouffe (hmm, de la langouste fraîche!).

La vue de notre hôtel

La vue de la salle de bain

Les alentours, des chèvres brouttant dans des champs de cactus
Et notre coup de coeur? On ne rencontrera que quelques touristes sur ce qui sont quelques-uns des paysages les plus spectaculaires du pays! Faut dire que le trajet nécessaire pour s'y rendre doit en décourager plusieurs! Entre autre, d'énormes dunes de sables dignes d'un désert de sable se fusionnant avec l'océan, pour former l'une des plus belles plages que j'ai vues. Peut-être en partie parce qu'il n'y avait qu'entre 10 et 20 personnes sur l'immensité de la plage!

Autour de Punta Gallina

Un point de vue pour y apprécier le coucher de soleil

Moi et le soleil


Point de vue

Notre groupe, émerveillé par les paysages de Punta Gallina

Une dune de sable

La même dune de sable, avec l'océan une cinquantaine de mètre plus bas

Magnifique plage déserte

Il n'y avait que notre jeep à la plage à ce moment. Notre groupe constituait neuf personnes, il y avait donc 10 personnes à la plage incluant le chauffeur de notre jeep...

Le point le plus au nord du continent sud-américain


Autres paysages de désert et océan
Bref, la destination finale en valait beaucoup plus que le voyage pour s'y rendre!!!


Sinon, avant de se rendre à Punta Gallina, nous sommes passés par Salento, où on y fait pousser de l'excellent café biologique colombien. Nous y avons visité une plantation et on nous a tout expliqué le processus de plantation, récolte et traitement des grains de café. Valérie, qui ne boit jamais de café, en a même bu une tasse!

La plantation de café

Une première!!!
 De là, nous avons visité le magnifique parc national de Cocora. L'une des plus belles marches d'une journée que j'ai fait! Il y pousse le Ceroxylon; atteignant jusqu'à 60 mètres de hauteur, il s'agit du palmier le plus haut au monde. Donc, on y a d'abord marché parmi ces géants.

Vallée de Cocora et ses palmiers géants




Ensuite, nous avons marché dans la jungle pour nous rendre à une petite réserve remplie de colibries.


Rendu dans la jungle

Il y avait tellement de colibris que c'en était drôle. Voir pleins de petits oiseaux hyperactifs se promener autour de nous est un spectacle en soi!
 Par la suite, nous nous sommes retrouvés dans une forêt de pins et de longs arbres.

Rendu dans la forêt de conifères



Tout ça en étant entourés par les montagnes de la vallée de Cocora.

Montagne environnant la vallée
 Nous n'avons vraiment pas chômé sur les transports ces dernières semaines. Nous nous sommes rendus à la grande ville de Medellin pour y séjourner deux jours, et elle n'a pas vraiment réussi à nous charmer... Et ensuite, nous avons rejoint la ville très peu visitée de Valledupar, d'où nous avons appris l'existence d'un village indigène très traditionnel formant l'épicentre de la culture Ahruac: le village de Nabusimake. Un autre trajet ardu de jeep s'impose, on devra faire 2h30 de jeep dans une route complètement défoncée (si on peut appeler ça une route...) de 23 km...

"Route" de jeep
Encore une fois, le trajet en vaut la chandelle; hommes et femmes du village appartenant à cette culture portent tous l'habit traditionnel blanc et le village est vraiment très authentique. Il s'agit probablement des endroits où la culture indigène s'est le mieux préservée parmi ce qu'on a visité en Amérique du Sud. Et en plus, aucun touriste étranger n'est venu visiter l'endroit pendant notre court séjour!

Petit village de Nabusimake

Habitants du village en tenues traditionnelles





Autour du village de Nabusimake

Nous avons été hébergés dans une famille, et en avons profité pour faire quelques activités avec eux, notamment nettoyer l'église des décorations de Noël.

Valérie faisant les corvées

Bref, nous avons du bon temps en Colombie, mais tout nous a semblé plus difficile qu'ailleurs. Étant en haute saison touristique, il nous aura fallu dormir dans un dortoir par manque de place dans les hôtels de Medellin et nous faire réveiller à toute heure de la nuit (pas avantageux pour nous, c'est presque le même prix qu'une chambre privée partagée à deux), dormir à Cabo de la Vela avec cette horde de touristes qui a envahi les lieux, dormir dans un grenier semi-ouvert alors que des vents soufflaient à près de 100 km/h par manque d'espace, payer des transports trois fois plus chers que dans les autres pays qu'on a fait dû à l'achalandage alors qu'on en fait énormément depuis les deux dernières semaines (on a dû parcourir trois fois la longueur de l'Équateur depuis notre arrivée dans le pays), se faire asperger d'eau, de mousse et de même de boue pendant le festival Blanco y Negro en début janvier alors que tout était fermé y compris restaurants et épiceries. Heureusement, les gens (la plupart) sont très sympathiques et intéressés de nous parler et le pays est très beau. Donc, depuis les dernières semaines, j'entretiens une certaine relation amour-haine avec ce pays que j'adore malgré tout...! 

Trajet jusqu'à présent en Colombie
Nous sommes arrivés depuis hier au très touristique petit village de Taganga, nous rappelant les petits villages bordants les plages de Thaïlande, malheureusement sans la beauté de la plage.

Comme vous avez pu le remarquer, par rapport à mes derniers récits, j'ai intégré les images au texte pour tenter d'imager un peu plus la lecture. À vous de me dire si vous appréciez!

Guillaume

jeudi 10 janvier 2013

Bienvenue en Colombie!

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi la Colombie me rappelle toujours les cartels de drogues, la cocaïne, les meurtres et les villes dangereuses; bref rien qui rime avec voyager en sécurité... Heureusement, le pays n'est plus à la hauteur de sa réputation, et il est maintenant sécuritaire de voyager ici. Par contre, je ne savais pas trop à quoi m'attendre comme pays. La seule image mentale que je pouvais m'en faire était composée de jungle, de champs de coca mélangé avec des plantations de bananiers et de café, et des soldats munis de leurs énormes fusils et habillés en camouflage couleur jungle...

Finalement, à notre arrivée, nous avons été attaqués à plusieurs reprises. Oui, attaqués! On nous a aspergé avec de la mousse et de l'eau, on nous a peint la figure en noir, Valérie a même reçu de la boue... Bref, un beau message de bienvenue dans ce pays! Car nous sommes arrivés en plein festival, originant de l'époque où maîtres et esclaves échangeaient de couleur en se peignant la figure en soit en noir ou en blanc, selon le statut, maintenant transformée en une grosse fête où tout le monde se barbouille et se mouille.

Non, l'arrivée en Colombie n'a pas été facile... Il nous a d'abord fallu se rendre à la frontière de l'Équateur, à Tulcan, et y dormir une nuit. Le problème, c'est qu'il n'y avait à peu près rien à faire sauf de voir un cimetière sous la pluie battante...Le lendemain, la frontière nous a pris trois heures à traverser, 30 minutes de file pour sortir de l'Équateur, 2h30 d'attente pour rentrer en Colombie... Que de plaisir! Ensuite, huit heures de bus pour se rendre à la première ville qui en vaut la peine, avec une petite fille qui n'a pas pu s'empêcher de vomir quelques coups à côté de moi, un passager qui a volé le laptop d'un couple de touristes du bus mais qui s'est fait attraper un peu après, un bus pourri que le chauffeur a dû réparer pendant notre arrêt pour le souper; bref beaucoup de plaisir...!

Et à notre arrivée à Popayan, notre première escale dans le pays, impossible de visiter la ville sans se faire arroser de toute part. Bon, c'est drôle, mais pendant une journée. Trois jours, ça devient un peu moins drôle, surtout quand tout est fermé y compris les restaurants et même l'épicerie à cause de la fête... Nous nous sommes donc enfuie après une seule journée à Popayan pour retrouver un peu de calme à Tierradentro (après 5 heures de bus pour parcourir les 100 km...). Il s'agit de l'un des sites archéologiques les plus importants de la Colombie. J'ai bien dit de la Colombie, car comparativement à tout ce qu'on retrouve au Pérou, c'est simplement incomparable... Donc, les ruines ont un peu déçu, mais l'endroit m'a vraiment charmé! Il s'agit d'un petit village perdu parmi les montagnes verdoyantes, les plantations de bananiers et de café; bref dans un décor très enchanteur. Et pour moi, lorsqu'il y a d'aussi belles marches à faire en montagne comme à Tierradentro, je suis un homme satisfait! Valérie elle en avait un peu marre de notre entrée en Colombie, du manque de bouffe végétarienne et de bouffe en général (n'oubliez pas que tout était fermé à Popayan, qu'on s'est tapé beaucoup de bus en ne mangeant que à peu près), et disons que Tierradentro n'est pas le genre d'endroit où on y fait de la haute gastronomie (à moins que selon vous, riz avec beans soient de la grande cuisine)... Elle a donc moins été enjouée que moi par Tierradentro mais bon, elle s'est réconcilié avec la Colombie depuis.

Nous avons donc pris le temps de visiter Popayan à notre retour de Tierradentro. Côté beauté et charme colonial, elle rivalise avec Sucre, en Bolivie (qui reste notre ville préférée jusqu'à date). Il s'agit d'une suberbe ville blanche et très propre. Et depuis hier, nous sommes à Salento, dans le coeur de certaines des meilleures plantations de café de Colombie.

Mais bon, ce qui frappe de la Colombie jusqu'à présent, c'est l'amabilité et l'accueil chaleureux de ses habitants. Je crois que ce sera un superbe pays à visiter!

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Après avoir passés un peu plus d'un mois en Équateur (dont une semaine dans les Galapagos), nous pouvons dire que c'est un pays qui nous a surpris. Nous nous attendions à arriver en Bolivie #2, c'est à dire dans un pays assez pauvre et avec des infrastructures peu développées. Mais au contraire, on s'est retrouvés dans un pays où tout nous a semblé assez voire même très développé. Il s'agit du premier pays d'Amérique latine où les gens portent généralement le casque à moto et où il y a du vrai recyclage, et cela en dit déjà beaucoup... Donc, le pays est muni de très bonnes infrastructures et est généralement très propre.

Mais ce qui a vraiment contrasté avec son pays voisin, le Pérou, ce sont les gens. Alors qu'au Pérou on sentait généralement un manque de civisme et de professionnalisme et d'une obsession constante pour l'argent de la part de plusieurs personnes (bon, je dis ça sans méchanceté, il s'agit généralement de différences culturelles), les Équatoriens eux se démarquent sur ce point de vue. Malgré qu'ils partagent sensiblement le même niveau de vie que leurs voisins péruviens, ils ont souvent fait preuve d'une gentillesse désintéressée, de professionnalisme et également d'intérêt à en apprendre un peu plus sur nous.


Quelques photos:

Laguna de Cuicocha, formée par un ancien cratère volcanique, près d'Otavalo en Équateur.

Autre vue de la lagune

Plantes près de la lagune

Cimetière de Túlcan

L'une des nombreuses tombe autour de Tierradentro

Enfants, à Tierradentro

Paysages près de Tierradentro

Pendant une marche, à Tierradentro

Paysages de montagne à Tierradentro

Du café!

Paysages autour de Tierradentro

Deux aras criant et s'amusant près de notre hôtel de Tierradentro

Place centrale de Popayan

Popayan

Vue sur Popayan

Place centrale de Popayan

C'est rare que je prend des statues en photo, mais je trouvais que celle-là valait la peine...

Nous deux, alors qu'on commençait à être un peu crotté à Popayan, durant le festival

Popayan

Notre trajet en Colombie jusqu'à présent

Guillaume