Lors
de notre passage au Pérou, à Valérie et moi en novembre dernier,
nous étions dans le début de la saison des pluies. Le temps n'était
pas idéal pour faire ce trek de huit à dix jours de la cordillère
du Huayhuash, chaudement recommendé par plusieurs et ayant la
réputation d'être l'un des plus beaux d'Amérique du Sud. Je
m'étais alors promis de revenir au Pérou pour le faire, une fois
que l'occasion se présenterais. L'occasion s'est finalement
présentée avec mon cousin Dominic, et j'ai donc pris ce deux
semaines pour aller voir ce que le Huayhuash nous réservait avec
lui. Voilà donc pourquoi j'ai utilisé le mot "Annexe" dans le titre de cet article.
Bon,
si vous m'aviez demandé si ce voyage était une bonne idée alors
que nous en étions à nos premiers jours de trek, je vous aurais
répondu d'un non assez catégorique avec une amère déception. La
raison est simple, alors qu'on pourrait raisonnablement s'attendre à
un beau ciel bleu à chaque matin et un temps généralement
découvert en journée, nous avons eu droit à des nuages, de la
pluie, de la grêle, et une grosse tempête de neige...
À
notre départ, le temps n'est pas très encourageant; les sommets
sont couverts et on a droit à une fine pluie. Mais bon, tout le
monde semble optimiste que ça s'améliorera au cours des prochains
jours. Donc, on a droit à une première journée assez ordinaire,
que l'on considère comme une introduction au Huayhuash, avec la
montée d'un col à 4700 m.
Arrivés
au campement, la grêle et la pluie se mettent en branle, suivies de
la neige. Mais bon, ça se calme au coucher du soleil et on a tout de
même droit à de beaux paysages sous la neige.
On
se dit que ce sera mieux demain. Erreur... Pendant la nuit, moi et
Dominic se sentons de plus en plus coincés dans notre tente
normalement amplement grande pour nous deux. En tapant la toile de la
tente, je réalise tout de suite pourquoi: la tente est complètement
recouverte d'une épaisse couche de neige qui nous écrase sous son
poids. En jetant un coup d'oeil dehors, on réalise tout de suite que
nous sommes au beau milieu d'une tempête de neige. La tempête ne se
calmera qu'au petit matin, où nous avons droit à un paysage
complètement blanc, de quoi rappeler le Québec au mois de
décembre... Disons que ce n'est pas tout à fait ce qu'on cherchait
dans ce trek.
On explore malgré tout les environs de notre campements avant de débuter notre ascension, pour aller voir une lagune qui s'y trouve pas trop loin.
La
deuxième journée normalement très facile, sera atroce, avec un col
à 4600 mètres à traverser avec la neige et la boue qui nous font
glisser à chaque pas. Autre détail, avec les nuages, nous
négligeons de nous mettre de la crème solaire avant notre départ,
et le soleil se pointe dès que nous approchons le col. Sa lumière
réfléchie par la neige nous brûle le visage et la chaleur
engendrée nous rend la tâche plus difficile. Leçon à retenir pour
les prochains jours, toujours emporter la crème solaire dans notre
sac de jour...
La descente du col ne sera pas plus facile, avec la boue très glissante qui menace de nous faire tomber à chaque pas. Mais à mesure que nous descendons, la frustration se dissipe pour laisser place à l'encouragement, alors que nous réalisons qu'il y a moins de neige de ce côté du col et que les nuages semblent se dissiper un peu. On se répète qu'il faut garder le moral, coûte que coûte.
Arrivés
au campement, nous réalisons l'ampleur des dégâts causés par le
soleil et la neige.
Bon, nous n'aurons pas le droit aux paysages espérés de hautes montagnes entourant la lagune du campement, mais nous apprécions tout de même l'effet laissé par le passage de la pluie. Et nous espérons que demain sera meilleur, car il s'agit d'un des jours highlights du trek que nous ne voulons pas manquer.
Le
lendemain n'est pas meilleur... La pluie battante et la grêle n'auront pas cessé beaucoup pendant la soirée, et nous entendons plusieurs avalanches pendant la
nuit. Le matin est sous la brûme et la fine neige. Nous devrons donc
nous résigner à passer par le même chemin que notre mûletier et
nos ânes plutôt que par ce chemin qui nous aurait emmené vers l'un
des plus beau coin du trek, jugé aujourd'hui trop dangereux par les
habitants du coin. Là, on a le moral dans les talons; on est
complètement dégoûtés. Mais on garde le moral; sans ça on tombe
dans le découragement.
Heureusement, après la pluie, le beau temps!
Pendant
la traversée de notre col de la journée (4700 mètres), le vent
commence à souffler et les nuages se dissipent tranquillement,
rendant la marche beaucoup plus agréable. Nous sommes déçu de ne
pas avoir pu prendre l'autre chemin, mais tout de même content de
notre sage décision, car s'il y a une chose que j'ai apprise à
force de m'aventurer en montagnes, c'est qu'il ne faut jamais la
sous-estimer. L'autre col qu'on aurait dû passer restait
complètement enneigé. On ne veut pas risquer de passer une nuit
sans tente à des températures frôlant les -15 degC à cause d'une
obstination à vouloir voir de beaux paysages.
Le
vent continue de souffler, et là on a vraiment espoir que la météo
s'améliorera demain.
Et
nous avons raison.
Nous aurons droit à un dernier petit brouillard passager, mais nous pourrons finalement profiter des beaux matins de ciels bleues que nous réserve normalement cette saison!
Donc, les prochains jours se feront avec moins d'histoire, sous une météo beaucoup plus clémente, toujours à traverser notre col journalier et nos kilomètres dans les vallées et montagnes. À partir de ce moment, nous apprécions vraiment ce trek magnifique!
Quatrième
journée, traversée d'une autre col à environ 4800 mètres sous un
temps radieux.
Et descente vers les lagunes en côtoyant une majestueuse cordillère orientale au Huayhuash.
Suivi
de sources thermales au campement dans un bassin d'eau pas très
propre ni très chaud, mais on ne fait pas la fine bouche et on y trouve notre compte malgré tout.
La cinquième journée sera plus ardue, mais nous serons motivés par la promesse d'une douche d'eau chaude et d'un lit au petit village de Huayllapa. Donc, lever très matinal aux petites heures du matin.
Pour s'y rendre nous devons traverser le plus haut col du
trek, à environ 5000 mètres.
La vue du col est magnifique.
Ensuite,
traverser une longue vallée.
Et
la descendre pour finalement se rendre au village, après plusieurs
heures de marche.
Quel
plaisir que d'avoir droit à une douche, d'une nuit où nous pouvons
dormir sans manteau et d'un déjeûner autre que du gruau pas bon. De
quoi nous préparer pour les 1300 mètres d'ascension de la sixième
journée, jusqu'à un col de 4800 mètres.
La végétation change à mesure qu'on monte.
Et
qu'on monte.
Jusqu'au
col.
Et
on arrive finalement au campement, juste avant une petite pluie
d'après-midi.
La
septième journée sera absolument extraordinaire.
Avec vue magnifiques pendant la descente du col.
Jusqu'au
campement, situé en bordure d'une magnifique lagune.
On
en profite donc, Dominic et moi, pour aller marcher et prendre
quelques bières à des endroits magnifiques.
Et
on aura droit à toutes sortes de couleurs, selon le temps de la
journée.
Durant la journée |
Au coucher de soleil |
À l'aube |
La
dernière journée, que j'avais prévue plutôt ordinaire, sera
plutôt bien agréable, malgré qu'on doive commencer à marcher aux
petites heures du matin.
Avec la traversée d'un dernier col, qui nous donneras des points de vue sur la cordillère blanche, au loin.
Et
une arrivée bien méritée au village de Llamac.
Au final, on aura eu droit à un col par jour, avec plusieurs milliers de mètres d'ascension presque exclusivement au-dessus de la barre de 4000 mètres d'altitude. On aura eu droit à du froid aussi, avoisinant les -15 degC par endroit pendant la nuit, de quoi se réveiller avec l'extérieur de la tente complètement gelé au petites heures du matin. Et également à de la très bonne bouffe de trek, grâce à Dominic qui nous a commandé des très bons sachets de bouffe déshydratée (malheureusement, Mario, notre muletier avait l'air déçu de ne pas avoir à cuisiner, semblerait qu'il est très bon cook). On n'aura vu que sept autres touristes pendant nos huit jours sur le trek, ce qui est bien moins que le nombre de condors, de viscachas et de vigognes que nous avons vus durant le parcours.