mardi 10 septembre 2013

Annexe - Trek du Huayhuash

Lors de notre passage au Pérou, à Valérie et moi en novembre dernier, nous étions dans le début de la saison des pluies. Le temps n'était pas idéal pour faire ce trek de huit à dix jours de la cordillère du Huayhuash, chaudement recommendé par plusieurs et ayant la réputation d'être l'un des plus beaux d'Amérique du Sud. Je m'étais alors promis de revenir au Pérou pour le faire, une fois que l'occasion se présenterais. L'occasion s'est finalement présentée avec mon cousin Dominic, et j'ai donc pris ce deux semaines pour aller voir ce que le Huayhuash nous réservait avec lui. Voilà donc pourquoi j'ai utilisé le mot "Annexe" dans le titre de cet article.
Bon, si vous m'aviez demandé si ce voyage était une bonne idée alors que nous en étions à nos premiers jours de trek, je vous aurais répondu d'un non assez catégorique avec une amère déception. La raison est simple, alors qu'on pourrait raisonnablement s'attendre à un beau ciel bleu à chaque matin et un temps généralement découvert en journée, nous avons eu droit à des nuages, de la pluie, de la grêle, et une grosse tempête de neige...
À notre départ, le temps n'est pas très encourageant; les sommets sont couverts et on a droit à une fine pluie. Mais bon, tout le monde semble optimiste que ça s'améliorera au cours des prochains jours. Donc, on a droit à une première journée assez ordinaire, que l'on considère comme une introduction au Huayhuash, avec la montée d'un col à 4700 m.


   
Arrivés au campement, la grêle et la pluie se mettent en branle, suivies de la neige. Mais bon, ça se calme au coucher du soleil et on a tout de même droit à de beaux paysages sous la neige.


On se dit que ce sera mieux demain. Erreur... Pendant la nuit, moi et Dominic se sentons de plus en plus coincés dans notre tente normalement amplement grande pour nous deux. En tapant la toile de la tente, je réalise tout de suite pourquoi: la tente est complètement recouverte d'une épaisse couche de neige qui nous écrase sous son poids. En jetant un coup d'oeil dehors, on réalise tout de suite que nous sommes au beau milieu d'une tempête de neige. La tempête ne se calmera qu'au petit matin, où nous avons droit à un paysage complètement blanc, de quoi rappeler le Québec au mois de décembre... Disons que ce n'est pas tout à fait ce qu'on cherchait dans ce trek.


On explore malgré tout les environs de notre campements avant de débuter notre ascension, pour aller voir une lagune qui s'y trouve pas trop loin.

La deuxième journée normalement très facile, sera atroce, avec un col à 4600 mètres à traverser avec la neige et la boue qui nous font glisser à chaque pas. Autre détail, avec les nuages, nous négligeons de nous mettre de la crème solaire avant notre départ, et le soleil se pointe dès que nous approchons le col. Sa lumière réfléchie par la neige nous brûle le visage et la chaleur engendrée nous rend la tâche plus difficile. Leçon à retenir pour les prochains jours, toujours emporter la crème solaire dans notre sac de jour...


La descente du col ne sera pas plus facile, avec la boue très glissante qui menace de nous faire tomber à chaque pas. Mais à mesure que nous descendons, la frustration se dissipe pour laisser place à l'encouragement, alors que nous réalisons qu'il y a moins de neige de ce côté du col et que les nuages semblent se dissiper un peu. On se répète qu'il faut garder le moral, coûte que coûte.


Arrivés au campement, nous réalisons l'ampleur des dégâts causés par le soleil et la neige.

Bon, nous n'aurons pas le droit aux paysages espérés de hautes montagnes entourant la lagune du campement, mais nous apprécions tout de même l'effet laissé par le passage de la pluie. Et nous espérons que demain sera meilleur, car il s'agit d'un des jours highlights du trek que nous ne voulons pas manquer.


Le lendemain n'est pas meilleur... La pluie battante et la grêle n'auront pas cessé beaucoup pendant la soirée, et nous entendons plusieurs avalanches pendant la nuit. Le matin est sous la brûme et la fine neige. Nous devrons donc nous résigner à passer par le même chemin que notre mûletier et nos ânes plutôt que par ce chemin qui nous aurait emmené vers l'un des plus beau coin du trek, jugé aujourd'hui trop dangereux par les habitants du coin. Là, on a le moral dans les talons; on est complètement dégoûtés. Mais on garde le moral; sans ça on tombe dans le découragement.




Heureusement, après la pluie, le beau temps!


Pendant la traversée de notre col de la journée (4700 mètres), le vent commence à souffler et les nuages se dissipent tranquillement, rendant la marche beaucoup plus agréable. Nous sommes déçu de ne pas avoir pu prendre l'autre chemin, mais tout de même content de notre sage décision, car s'il y a une chose que j'ai apprise à force de m'aventurer en montagnes, c'est qu'il ne faut jamais la sous-estimer. L'autre col qu'on aurait dû passer restait complètement enneigé. On ne veut pas risquer de passer une nuit sans tente à des températures frôlant les -15 degC à cause d'une obstination à vouloir voir de beaux paysages.


Le vent continue de souffler, et là on a vraiment espoir que la météo s'améliorera demain.

Et nous avons raison.

Nous aurons droit à un dernier petit brouillard passager, mais nous pourrons finalement profiter des beaux matins de ciels bleues que nous réserve normalement cette saison!




Donc, les prochains jours se feront avec moins d'histoire, sous une météo beaucoup plus clémente, toujours à traverser notre col journalier et nos kilomètres dans les vallées et montagnes. À partir de ce moment, nous apprécions vraiment ce trek magnifique!

Quatrième journée, traversée d'une autre col à environ 4800 mètres sous un temps radieux.

Et descente vers les lagunes en côtoyant une majestueuse cordillère orientale au Huayhuash.







Suivi de sources thermales au campement dans un bassin d'eau pas très propre ni très chaud, mais on ne fait pas la fine bouche et on y trouve notre compte malgré tout.

La cinquième journée sera plus ardue, mais nous serons motivés par la promesse d'une douche d'eau chaude et d'un lit au petit village de Huayllapa. Donc, lever très matinal aux petites heures du matin.

 Pour s'y rendre nous devons traverser le plus haut col du trek, à environ 5000 mètres.





La vue du col est magnifique.




Ensuite, traverser une longue vallée.




Et la descendre pour finalement se rendre au village, après plusieurs heures de marche.

Quel plaisir que d'avoir droit à une douche, d'une nuit où nous pouvons dormir sans manteau et d'un déjeûner autre que du gruau pas bon. De quoi nous préparer pour les 1300 mètres d'ascension de la sixième journée, jusqu'à un col de 4800 mètres.

La végétation change à mesure qu'on monte.



Et qu'on monte.

Jusqu'au col.

Et on arrive finalement au campement, juste avant une petite pluie d'après-midi.



La septième journée sera absolument extraordinaire.


 Avec vue magnifiques pendant la descente du col.







Jusqu'au campement, situé en bordure d'une magnifique lagune.


On en profite donc, Dominic et moi, pour aller marcher et prendre quelques bières à des endroits magnifiques.

Et on aura droit à toutes sortes de couleurs, selon le temps de la journée.
Durant la journée

Au coucher de soleil

À l'aube

La dernière journée, que j'avais prévue plutôt ordinaire, sera plutôt bien agréable, malgré qu'on doive commencer à marcher aux petites heures du matin.

Avec la traversée d'un dernier col, qui nous donneras des points de vue sur la cordillère blanche, au loin.



Et une arrivée bien méritée au village de Llamac.

Au final, on aura eu droit à un col par jour, avec plusieurs milliers de mètres d'ascension presque exclusivement au-dessus de la barre de 4000 mètres d'altitude. On aura eu droit à du froid aussi, avoisinant les -15 degC par endroit pendant la nuit, de quoi se réveiller avec l'extérieur de la tente complètement gelé au petites heures du matin. Et également à de la très bonne bouffe de trek, grâce à Dominic qui nous a commandé des très bons sachets de bouffe déshydratée (malheureusement, Mario, notre muletier avait l'air déçu de ne pas avoir à cuisiner, semblerait qu'il est très bon cook). On n'aura vu que sept autres touristes pendant nos huit jours sur le trek, ce qui est bien moins que le nombre de condors, de viscachas et de vigognes que nous avons vus durant le parcours.


Et on aura eu droit à un excellent trek, l'un des meilleurs que j'ai fait, sinon le meilleur!


Voici notre trace, vue par google earth: