lundi 31 décembre 2012

D'altitude en latitude

Hier soir, couché dans mon lit au camp de base du volcan Cotopaxi, j'ai un énorme mal de tête, un reste de rhume et je ne réussis pas à dormir. Le mal de tête est fort probablement causé par une combinaison de l'altitude de 4800 mètres du camp et des mes sinus qui sont congestionnés. Et je ne réussis pas à dormir, parce que je me demande ce que je fais là, dans ce camp de base pour monter le volcan de 5897 mètres d'altitude au milieu de la nuit, alors que l'anxiété me ronge puisque je ne suis pas tout à fait top-shape et que je sais comment difficile il en est de monter une telle montagne. Donc, je ne dors pas, et je me demande toujours ce qui me pousse à me pousser autant... Au sommet du Huayna Potosí en Bolivie (6088 m d'altitude) en septembre dernier, l'effort requis pour monter était d'une telle intensité qu'arrivé au sommet je m'étais juré que ce serait la dernière fois que je faisais une ascension du genre; pourtant, déjà rendu en bas de la montagne je me disais que je pourrais en monter une autre éventuellement. On dirait que monter ce genre de montagne à ces altitudes relève un peu du masochisme parfois, pourtant il y a quelque chose qui me pousse à me défoncer...

J'aurais très bien pu rester coucher dans mon confortable lit de ma chambre d'hôtel de Quito avec Valérie cette nuit là, me réveiller le matin et faire la grasse matinée. Mais non, je me lève plutôt à 11h30 dans la nuit pour "déjeûner" et prendre une Tylénol contre le rhume, et je quitte avec mon groupe pour commencer l'ascension vers 1h30 le matin, à la lueur de la pleine lune et des étoiles d'un ciel complètement dégagé et d'un froid d'hiver. Notre guide nous dit que l'ascension de 1100 mètres sur une distance de quatre kilomètres prend en moyenne de cinq à sept heures. Cinq à sept heures à marcher et souffrir dans le froid, le manque d'oxygène, l'effort physique intense et le grand manque de sommeil. Pourquoi souffrir autant...?

Notre groupe est formé de neuf personnes, et en cette période du nouvel an, il y avait environ 80 personnes qui tentaient l'ascension. L'avantage d'un groupe qu'il en coûte beaucoup moins cher que de monter seul avec un guide et qu'on ne dépend pas de notre unique partenaire (les guides peuvent monter avec un maximum de deux personnes, si l'un doit redescendre le groupe redescent). J'ai bien fait, au moins quatre personnes du groupe ont abandonné dans les deux premières heures, souffrant du mal des montagnes. Je me suis donc retrouvé à changer de compagnon puisque mon partenaire ne pouvait plus continuer, il se sentait littéralement comme un zombie tellement il était épuisé. Je me retrouve donc avec la femme d'un couple allemand, le mari abandonnant également, car il voyait des points noirs, avait un énorme mal de tête, des nausées et était sur le point de vomir. Elle court fréquemment des marathons. Lorsque je lui ai demandé comment la montée se comparait à un marathon, elle m'a dit qu'elle choisirait sans aucune hésitation à faire un marathon plutôt que de continuer l'ascension si elle le pouvait...

Bon, de mon côté, je crois que j'étais prêt à monter. L'ascension était bien entendu très difficile, mais ayant déjà fait une ascension du genre auparavant, j'ai un peu d'expérience et je suis prêt mentalement. Et heureusement, je n'ai pas de problème avec l'altitude. Après quelques heures déjà à monter, on aperçoit le sommet sur notre gauche, 300 mètres plus haut. Il faudra le contourner et continuer à marcher et souffrir encore environ 1h30, alors que le soleil commence à se lever. On arrive donc malheureusement légèrement après le lever du soleil (à cause l'attente de tous les changements de groupe...), mais quel soulagement! C'est une réelle satisfaction après tous les efforts qu'on met pour monter, et c'est une raison suffisante pour moi de monter et de souffrir autant!!!

Nous sommes cinq au sommet, incluant deux guides. Nous sommes clairement au-dessus des nuages, avec une vue magnifique sur le volcan toujours en activité et l'odeur de souffre qui l'accompagne. Nous sommes sur le deuxième plus haut volcan en actif au monde, le deuxième sommet d'Équateur et sur le point de la terre se rapprochant le plus du soleil! On aperçoit l'Équateur sur une centaine de kilomètres à la ronde, partiellement couvert de nuage quelques miliers de mètres plus bas. Au loin, Quito à environ 40 km et 3000 mètres plus bas, le volcan Chimborazo (6310 m), un énorme nuage de cendre volcanique créé par le Sangay à environ 150 km de distance, et plusieurs autres hauts sommets environnants.

Malgré le grand nombre de personne qui en ont tenté l'ascension cette nuit là, je ne crois pas avoir aperçu plus d'une trentaine de personnes ayant ou allant franchir le sommet. Trop de gens semblent sous-estimer la difficulté physique et les effets de l'altitude de l'ascension d'un tel sommet... Il faut apprendre à respecter la montagne. Et même s'il s'agit d'un sommet de cette altitude relativement facile à franchir, je crois que son ascension doit se rapprocher de la deuxième chose la plus éprouvante physiquement que j'ai fait de ma vie, après le Huayna Potosí bien entendu!

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Bon, sinon dans le temps des fêtes, nous avons loué des vélos à Baños (la ville sous le volcan Tungurahua, en activité) pour tenter de nous rendre dans la jungle, à Puyo. Sur le chemin, une longue descente, de très belles chutes, et un bon pique-nique sur le bord d'une rivière au milieu de la jungle! On a finalement abandonné notre itinéraire après une cinquantaine de kilomètres en prenant un bus pour revenir à Baños, puisqu'il commençait pleuvoir à boire debout... Malgré tout, ce fut une très belle journée!

Et nous avons passé beaucoup de temps à Quito. Il est plus difficile de voyager pendant le temps des fêtes, nous en avons donc profité pour nous reposer un peu, puisque nous n'avions pas vraiment arrêté depuis un bout de temps. Au menu, la visite de la charmante ville coloniale, la montée d'un sommet à 4700 mètres surplombant la ville (mais dans les nuages et la grêle, juste pour nous pour le 24 décembre!), et déambuler dans le Quito moderne. Quito reste une ville impressionnante, remplie de parcs et très développée au niveau des transport et du vélo; le centre-ville est complètement fermé aux automobilistes un dimanche sur deux et le vélo est très encouragé (ils ont même l'équivalent du Bixi!). Nous avons fêté Noël en groupe avec des gens de l'hôtel en faisant un pot-luck et quelques jeux. Et comme coutume du coin en cette fin d'année, les gens font brûler des bonhommes dans les rues de Quito, les hommes se déguisent en femmes et certains villageois déguisés bloquent les rues aux automobilistes en leur demandant un peu d'argent pour fêter le nouvel an.

Finalement, nous avons également visité la magnifique lagune de Quilotoa, juchée dans un ancien cratère volcanique. Et Valérie a fait sa première ascension vers les 5000 mètres d'altitude en ayant voir la base du glacier du Cotopaxi, alors que je me préparais à le monter!

Nous sommes maintenant rendus dans l'hémisphère nord, quelques kilomètres au-dessus de la ligne équatoriale, dans la ville d'Otavalo. L'ironie est que nous n'aurons passé que quelques jours d'été cette année, puisque l'été n'a commencé officiellement que le 21 décembre dans l'hémisphère sud. On se retrouve donc maintenant à nouveau en hiver. Bon, ce n'est pas un hiver très rude...

J'espère que vous avez passé un joyeux Noël et je souhaite à tout le monde une très belle année 2013!

Paysages lors de notre descente à vélo vers Puyo

Énorme chute du Pailón del Diablo, que nous avons vue pendant notre descente á vélo

Petite marche dans la jungle, pour aller pique-niquer sur le bord d'une rivière

Végétation tapissant les arbres dans la jungle

Quelques décorations de Noël à Baños

Célébrations de Noël à Quito

Quito

Le Père-Noël le plus triste que j'ai vu...

Église gothique de La Merced, à Quito

Vue du haut de l'église et de Quito

Quito, vue du haut de l'église

Scène de marché

Scène de marché. Les cochons d'inde sont populaires à ce temps de l'année, et les gens les inspectaient correctement.

Homme d'une maison de haute altitude que nous avons visité

Environ de Quilotoa

Nous deux!

Lagune de Quilotoa, dans un ancien cratère volcanique

Le volcan Cotopaxi, au loin

Prêt à monter au camp de base

L'ascension du glacier, la nuit.

Vue sur le cratère, au sommet

Le volcan Chimborazo, à près de 100 km de distance

La ville de Quito, très zoomée sur ma caméra

Vues du sommet

Notre duo, dans les nuages!

Vue du sommet, avec les nuages et le Chimborazo dépassant au loin

Le point se rapprochant le plus du soleil!

Vue pendant la descente

Vue sur le sommet 300 mètres plus bas, lors de la descente

Vues lors de la descente. On peut voir le refuge beaucoup plus bas.

Vues lors de la descente

Formations glaciales pendant la descente

Notre trajet en Équateur jusqu'à présent

Guillaume

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